jeudi 25 juin 2015

Akân Samoré DIT NON A LA COLLABORATION ET A LA PERTE DU PEUPLE ET DE LA MARTINIQUE

Lettre ouverte à un frère et autres, parce que l’heure est très grave.
La souveraineté pleine et entière ou la mort !


Jai  eu pendant très longtemps cet espoir chevillé au corps et à ma vision de nôtre nation. Une vision qui cristallise le Respect de l’Humain, l’Honneur de Peuple, la Responsabilité pleine et entière pour  la nation martiniquaise, que je résume par ce concept : « La souveraineté optimale ».

 Aujourd’hui donc,  on nous intime l’ordre, de mettre en lieux et places du conseil général et du conseil régional, la collectivité territoriale de  Martinique, il n’y a là rien de respectueux,  rien de l’Humanité à laquelle nous aspirons,  il n’y a rien d’honnête  envers nôtre peuple et bien évidemment aucune initiative ou tentative qui tendrait  à nous aiguiller vers une responsabilité aussi minime soit elle. 

Je n’y vois qu’un mépris de plus pour le peuple martiniquais, quant à cette caricature de la responsabilité.  En effet, rappelles toi, depuis les années 80  nous avions réclamé de manière assidue,  au sein de multiple réunions l’assemblée unique pour la Martinique ; qui n’a jamais vu un début de réalisation.  Et, aujourd’hui, on nous somme d’accepter  cette collectivité unique qui en réalité ne sera que la chose de l’Europe dans sa stratégie hégémonique. C’est donc en pleine réflexion sur nos possibilités de faire un bilan général (un état des lieux) sur près de 70 années de départementalisation (69 exactement), que  j’apprends, que nous, écologistes - souverainistes déciderions  de contribuer à une 3ème force. Dois-je en conclure que, à chaque occasion où  il nous est possible de faire peuple, nous tombons dans le piège (zatrap) du colon. « L’oppresseur qui ne perd jamais une occasion de faire les nègres se bouffer entre eux, utilisera avec un rare bonheur l’inconscience et l’ignorance qui sont les tares de la grande masse (lumpen- prolétariat) cf. les damnés de la terre de Frantz Fanon.

J’avoue que j’ai été plus que  surpris d’apprendre que, écologistes et souverainistes,  nous voudrions  nous engager dans cette bataille. Quant à moi,   Je pense, et je crois, que je  me fais  le porte parole de beaucoup de martiniquaises et de martiniquais ; qui restent persuadés qu’il y a beaucoup mieux à faire en pays Martinique. Je   signale qu’a mon humble avis, il serait beaucoup plus utile de mener de vraies luttes pour la souveraineté politique, économique, culturel, etc… Qu’il est beaucoup plus urgent de reprendre le leadership (au-dessus des partis) pour secouer  cette  conscience en état pathologique de sommeil profond et prolongé de notre jeunesse martiniquaise que le pouvoir colonial français pousse vers le désespoir la délinquance ou l’expatriation. Assurément il y a mieux à faire pour notre peuple. Ne nous compromettons plus avec ce colonialisme  qui se cache de façon rampante sous le manteau de la démocratie. Pourquoi devrions-nous  encore et toujours nous accommoder de ce colonialisme reptilien ; nous savons mieux que beaucoup   d’autres que les promesses du colon ne sont en réalité que des facéties pour amuser les naïfs. Car le colon est réfractaire à l’idée que cet être vaincu et avili qu’est le colonisé puisse être autre chose, que sa chose. Ce que nous demande en réalité la France, (cette France qui ruse avec ses propres principes…) incapable de régler ses propres problèmes, de sdf, de chômage, de décroissance financière étant entendu que cette France, est sous la tutelle de la finance internationale. Ce qu’elle attend de nous c’est que nous soyons de gentils serviteurs tenant  à la main la petite burette d’huile et verser chaque fois qu’elle le désir, la petite goute nécessaire au bon  fonctionnement de l’engrenage de l’illusion. Avons-nous donc oublié « les bons conseils » de Pierre Messmer pour la Kanaky, (lettre du 19 juillet 1972).  Oui, si cette France là tient à garder la Martinique c’est bien pour permettre à ses propres enfants de remplacer les derniers martiniquais que nous sommes, ouvrons donc les yeux, tout est déjà en place pour que puisse s’accomplir le  génocide. (Qui peut mieux tisser une toile d’araignée que l’araignée elle-même). Cette France coloniale observe,  analyse et comprend chaque geste, chaque émotion, chaque battement de cœur. N’est ce pas cette France là qui maîtrise notre santé, notre éducation et le juridique qui lui sert à nous ridiculiser aux yeux de la planète entière.

Cette France qui a aussi la parfaite maitrise de la division entre ses colonisés. Cette France  qui sait mieux que nous, utiliser notre proverbe : kod yanm ka maré yanm . Elle le sait,  cette France là qu’il lui suffit de lancer une boîte de sardine vide et rouillée pour qu’aussitôt ses colonisés se jettent la dessus et se battant à qui pourra l’attraper, tout en sachant que cette vieille boite est bien vide et rouillée. Et voila, dis le colon : nous sommes tranquille pour encore cinq siècles. Mais de martiniquais il n’y en aura plus. Souvent on nous rétorque, « mais enfin le monde est un grand village », dans ce cas pourquoi ne pas laisser circuler librement les djihadistes  et autres fous de Dieu.  
Aurions nous donc décidé de nous embarquer dans ce carnaval qui ne nous mènera à rien de sérieux et encore moins vers de nouveaux horizons ? Le colon nous l’a dit maintes fois, tout est verrouillé, cadenassé. Tant que nous serons dans ce système nous serons toujours ses prisonniers. Toi le leader qui a guider cette avancée vers la souveraineté, crainte pour certains et espoir  pour beaucoup d’autres, tu te laisserais embrigader, réquisitionner et donner caution à cette démarche ?    
Toi, qui as su mener avec maestria les plus nobles combats pour notre Martinique, toi qui a su expertiser mieux que quiconque la nature de notre nation martiniquaise, toi l’écologiste qui a su générer tant de valeurs pour le peuple martiniquais, toi qui a formé tant de femmes et d’hommes de ce pays – ci.  N’as-tu donc pas compris que le colonialisme, de cette France là ; ne permettra jamais (nunca, never) aux dominés que nous sommes de prendre, de par nôtre propre vision politique ; nôtre pleine et entière responsabilité dans cette nation qui n’est qu’un appendice sous domination du  colon,  et de ses multiples sous -traitants. Tant  que c’est eux qui organisent les règles du jeu et, qui décident toujours, du moment  et de l’heure ;  dans un tel cas  nous serons toujours et à perpétuité les perdants. Il convient aujourd’hui de laisser les fervents assimilationnistes s’occuper à gérer les affaires du colon.
Laissons-les donc tenir la petite burette d’huile afin de verser la petite  goute à chaque fois,  pour permettre à la machine coloniale de continuer son œuvre de broyage de colonisés formatés dans une  vision contraire à notre propre réalité.(La malédiction la plus commune en cette matière est d’être dupe de bonne foi d’une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte. (Aimé Césaire)
Et, moult fois tu l’as démontré et si bien démontré que beaucoup d’entre ceux qui te combattent aujourd’hui  se sont empressés de te copier,  de te plagier pour arriver à leur fin. Les zanzolages, trahisons et égocentrismes sont figures de proue dans cette lutte fratricide. Ce que nous propose  en réalité cette France dans l’incapacité de résoudre ses propres problématiques ; c’est sa vieille boite vide et rouillée dans laquelle il n’y a,  nonobstant la rouille, rien d’autre,  cette France là, a la certitude que les sous- hommes que nous sommes vont se précipités là-dessus en se combattant à qui y trouverait le vide. Mais comment peux-tu supposer, comment  pouvons-nous donc  imaginer qu’en entrant dans le ventre du monstre nous serions plus aptes à nous défaire de notre enfermement colonial. Le monstre est programmé depuis cinq siècles à digérer tous ceux qui tentent cette démarche. Même le nègre fondamental,  malgré toutes les postures qu’il a du adopter, nôtre grand Césaire a reconnu avec un réalisme surprenant vers la fin de sa vie, que sous la domination de ce système nul ne peut vivre pleinement sa liberté mais,  seulement survivre avec l’accord tacite du dominateur. Laisses donc, laissons ces assimilationnistes : « autonomistes – « indépendantistes-intégrationnistes » se coltiner pour gérer les intérêts de leur mère-patrie ;

 ceux-là qui nagent perpétuellement dans un pharisaïsme des plus abjects et qui engendrent des effets toxiques sur une réflexion saine et constructive, au dessus des égos surdimensionnés. J’affirme que nous avons beaucoup mieux à faire que de nous occuper de l’habitation pour renforcer l’arrogance du colon.
Dois-je donc jeter Fanon ? Devons-nous jeter Fanon en enfer, quand il nous dit : «  la grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés il nous faut la secouer et en sortir…ne perdons pas de temps en stériles litanies ou mimétismes nauséabonds.  Quittons cette Europe () qui ne finit pas de parler de l’homme  tout en le massacrant (…) à tous les coins du monde ». Et, quand on  nous  dit : il nous faut ensemencer nos propres sillons pour en récolter le meilleur),   est ce donc une vision erronée ? Non, rien n’est perdu pour celui,  pour ceux qui savent investir une stratégie revivifiante. Ni article 73, ni 74, ni collectivité unique d’enfermement pour le Peuple de Martinique. Sans nostalgie aucune de ces fabuleuses  années : 70, 80, 90, qui ont fécondées notre réflexion et vivifier nos luttes, même si elles n’ont pu aboutir à la souveraineté, mais il nous reste cet ultime combat à mener pour la préservation du pays Martinique et de ses écosystèmes, pour le peuple martiniquais. Car : il est impossible de s’épanouir dans un Paradigme qui n’est pas nôtre ! C’ est pourquoi,  j’en appelle  à un véritable et authentique état des lieux ! Si, aujourd’hui je m’érige en lanceur d’alerte, et,  si je lance ce cri d’alarme c’est bien pour nous repositionner sur nos valeurs fondamentales que nous avons définis et qui doivent imprégner toutes nos décisions et nos réalisations, car, il serait inconvenant de demeurer dans un immobilisme contemplatif. Rejetons avec la plus grande fermeté ce « syndrome d’Ariel » qui nous pousse à trouver quelque qualité à Prospéro. Nous savons aujourd’hui, que l’essentiel est de ne pas participer au carnaval des autres.
Juste un petit rappel, La Martinique de demain sera : Etat un Souverain. Une Méta Nation…Une Eco-Société, ou sera néantisée.
Akân Samoré 
Nota bene : Dès les années 70, Vaclav Havel dans son ouvrage « le pouvoir des sans pouvoir » exalte le réveil de la société civile. Bien avant lui, pourtant, nous avions compris l’impérieuse nécessité de créer des structures parallèles à celles du pouvoir français en place. Donc un contre pouvoir ayant une telle efficacité à contrer les dérives colonialistes.
Donc l’ASSAUPAMAR fut dans un contexte difficile la mieux équipée pour effectuer la légitime lutte de contre pouvoir ; cette légitimité serait-elle tombé en désuétude ? Pourquoi vouloir nous perdre dans de  tel piège qui engendra que discrédit à nôtre encontre ? 
Quelques extraits tirés de la lettre de Guy Cabort-Masson  à Aimé Césaire,  le/02  juin 1981.
Entêtement dans l’erreur « Vous vous êtes satisfait de la douillette vie parlementaire français tout juste satisfait de prononcer quelques discours d’autant plus brillants qu’ils n’empêchaient en rien l’entreprise de décervelage de la population martiniquaise…
Votre échec ? Non, et prudemment, vous tirez votre épingle du jeu colonial… Ce serait  les français, attention, pas tous, la droite ! La seule responsable ! Certes le devoir du colonialiste est de coloniser, mais le peut-il sans la neutralité ou/et le zèle des élites du pays colonisé ? La France pourrait-elle maintenir son emprise, appliquer sa politique rétrograde s’il n’y avait la complicité des élus de  tout acabit…
L’histoire de la décolonisation est précisément l’histoire des élites ayant refusé de jouer le jeu du colonisateur...
Ici comment taire nôtre déception ?
…Qu’e persévérance dans le mensonge ; absurde  prétention de ne s’être jamais trompé ; bref chez vous des pontifes plus que jamais pontifiants…
Sera-ce une liberté de plus que de voir plus souvent à la télé, sur France-Antilles  nos assimilés de gauche à côté de ceux de la droite traditionnelle ? Discours identiques à quelque nuance près…
Il y a lieu d’avoir honte lorsqu’un seul Martiniquais vote, quelle que soit l’élection en cours, car toute élection est voulue par le colonialisme et au profit du colonialisme…
La preuve est que nos élus, tous sont de par leur fonction et pouvoir sous tutelle, des agents de l’alimentarisme colonial, des agents de l’Etat français…
Lorsqu’on vote à 90% pour Césaire, Gratiant ou Marie jeanne on fait que légitimer l’Etat français…
Incroyables élites qui, par une pirouette, gardent leur bonne conscience en montrant du doigt le « peuple »…

Comme en 46 on se replonge avec délices dans l’abandon de soi entre les bras de la République française.